Bio 2024 : marché en reprise, surfaces en retrait
Chaque année, l’Agence BIO livre son analyse de l’évolution du secteur de l’agriculture biologique en France. L’évaluation 2024 met en lumière un tableau contrasté : une augmentation de la consommation, cependant des zones cultivées en bio toujours en baisse. Un signal ambivalent pour la filière, entre regain d’intérêt des consommateurs et fragilité de la production.
Une consommation relancée malgré les incertitudes
Après deux années marquées par une baisse de régime, les ménages français redonnent des couleurs à la consommation bio. En 2024, les dépenses pour des produits bio ont augmenté de 0,8 %, s’élevant à 12,2 milliards d’euros taxes comprises. Une évolution modeste, mais porteuse d’espoir dans un contexte encore tendu.
Ce dynamisme s’observe principalement dans les circuits spécialisés : les magasins bio, les commerces de proximité et la vente directe affichent chacun une progression de 7 %, tandis que la grande distribution, elle, continue de reculer (-5 %).
Un marché encore très domestique
Les produits bio sont toujours majoritairement consommés à domicile : 92 % des achats se font pour la maison, contre seulement 8 % en restauration hors foyer (cantines, restaurants…). Les perspectives dans la restauration collective stagnent, alors que celles de la restauration commerciale restent marginales.
Sur le terrain : recul confirmé des surfaces
En parallèle de ce frémissement côté consommation, la production connaît une deuxième année de repli. Les surfaces cultivées en bio ont diminué de 56 197 hectares, portant à 2,7 millions d’hectares la surface totale, soit une perte de près de 110 000 hectares en deux ans.
Cette contraction touche particulièrement les grandes cultures (céréales, légumineuses…), en baisse de 12 %. Bien que la viticulture, véritable pilier de l’agriculture biologique en France, subisse une légère diminution (-4 %), elle maintient néanmoins sa place de leader.
Une dynamique de conversion toujours présente
Malgré ce recul, l’attractivité de l’agriculture biologique reste intacte. En 2024, la France a comptabilisé 4 431 nouvelles exploitations biologiques, dépassant ainsi le seuil de 15 % d’exploitations françaises certifiées. Les territoires d’Outre-mer se distinguent d’ailleurs par une dynamique positive, avec des surfaces en croissance.
Transformation et distribution en mutation
Le secteur de la transformation et de la vente bio traverse également une phase d’ajustement, avec une baisse globale de 5 % du nombre d’opérateurs. Ce recul souligne un nécessaire rééquilibrage entre les volumes produits, les débouchés et les attentes du marché.
À l’international : des marchés plus dynamiques
Le contraste est saisissant avec certains marchés étrangers. L’Allemagne, premier du marché biologique en Europe, connaît une augmentation de 5,7 %, pour atteindre un total de 17 milliards d’euros. Les États-Unis, de leur côté, affichent 63 milliards d’euros de dépenses en bio (+5 %), avec une part de marché équivalente à la France (6 %).
Redonner envie de bio
Devant cette combinaison de relance de la demande et de diminution des espaces, l’Agence BIO exhorte à une action collective. À travers sa campagne « C’est Bio la France, #ayonsleBioréflexe », elle invite les Français à faire le choix du bio au quotidien. Le lancement du premier spot télévisé dédié au label AB, en mai dernier, s’inscrit dans cette volonté de sensibilisation.
Sources : L’info Durable, Les Echos, L’agence bio, Interbio-paysdelaloire.